Alors que le Projet régional d’appui à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS) 2018-2024 touche à sa fin, certains acteurs de la société civile au niveau du Guidimagha accusent déjà les responsables du projet dans les régions d’intervention de « mener une campagne dans la plus grande opacité, poussant les autorités administratives à signer des arrêtés en violation de la réglementation nationale à des fins inavouées ».
C’est le cas de l’arrêté N° 029 du 23 octobre 2023 portant agrément d’une Plateforme Multi-acteur dénommée Plateforme de gestion des connaissances du Guidimagha. Il s’agit de la composante C, la troisième du projet
Il faut souligner que ce projet régional qui couvre six pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Sénégal) est financé à hauteur de 25 millions de dollars U.S par la Banque Mondiale (fonds IDA), avec un apport de 2, 5 millions de dollars de l’Etat mauritanien et de 1,5 millions de dollars de la part des bénéficiaires.
L’objectif du projet est d’améliorer les capacités des parties prenantes à développer et gérer l’irrigation et d’accroitre les superficies irriguées. Les bénéficiaires, ce sont surtout les agriculteurs privés
Les observateurs ont trouvé louche d’attendre jusqu’à quelques mois de la fin du projet pour pousser les Walis des régions d’intervention à émettre des arrêtés escamotés portant mise en place de plateformes multi-acteurs de gestion de la composante C du projet.
En effet, dans leur précipitation, les Walis ont signé des arrêtés portant des articles de loi qui n’ont rien à voir avec l’objet du projet. C’est le cas de la loi n° 93-15 du 21 janvier 1993, modifiant et complétant la loi 67-171 du 18 juillet 1967 portant statut des coopératives de pêche artisanale, de coopératives de crédits et d’épargne de la pêche artisanale. Cette loi a été citée dans l’arrêté parmi les textes de loi justificatifs alors qu’elle n’a rien à y voir, selon les sources.
Ensuite, les acteurs de la société civile au niveau du Guidimagha, notamment M. Hamada Bneijara, Président de l’ONG ADIG, interrogé au téléphone, soutient que la Plateforme au niveau local a été créée dans la plus grande opacité et d’une manière exclusive, sans concertation avec les acteurs concernés, notamment les agriculteurs.
Le ministère de tutelle, celui de l’Agriculture, n’aurait même pas été impliqué dans cette opération de dernière minute, selon les sources, alors qu’il est en charge des coopératives agricoles.
Indignées par cette démarche qualifiée de délictuelle, les organisations de la société civile au niveau du Guidimagha, par la voix de l’ONG ADIG, ont ainsi interpellé les autorités pour obtenir des éclaircissements par rapport à ce qui ressemble selon eux, à des micmacs destinés à subtiliser une partie des fonds du projet.
Ils contestent ainsi la cooptation d’une plateforme dont les membres seraient pour la plupart des fonctionnaires de la Délégation régionale de l’Agriculture, plus le trésorier régional. Ainsi, deux Moughataas auraient été complètement écartées, Ghabou et Wompou.
Selon le site Leclairage, « la mise en place de la plateforme multi-acteur de gestion des connaissances au Guidimagha peut être qualifiée de faux et d’usage de faux ». Le site précise qu’aucun juriste ne peut entériner ce genre d’arrêtés pleins d’amalgames aussi bien dans la forme que dans le fonds. Ainsi sont fustigés le pourquoi de la mise tardive d’une telle plateforme en fin de projet, le choix porté sur les membres qui la composent ainsi que méthode de leur choix, dans une démarche exclusive qui a mis à l’écart les élus, les acteurs de la société civile et les agriculteurs.
Cheikh Aidara