Nouakchott a abrité jeudi 2 novembre 2023, le lancement du projet PROMIS dont l’objectif est de renforcer les capacités de la Mauritanie dans le développement d’une réponse basée sur les droits humains contre la traite des personnes et le trafic des migrants. Ce projet financé par les Pays Bas est une initiative conjointe de l’Organisation des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH).
Devant un parterre composé de membres du gouvernement, de représentants d’agences des Nations Unies présentes en Mauritanie, de magistrats et d’acteurs de la société civile, le Commissaire aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Sidi, a présidé jeudi 2 novembre 2023 à Nouakchott, au lancement du projet PROMIS, financé par les Pays Bas.
Un terrain déjà fertile à améliorer
Dans son allocution, le Commissaire aux droits de l’homme a rappelé que les objectifs du projet PROMIS s’inscrivent dans la dynamique enclenchée par le gouvernement mauritanien depuis l’adoption de la loi du 20 mars 2020 portant lutte contre la traite des personnes. Laquelle dynamique n’est, selon lui, que le prolongement de la volonté exprimée par le président de la République, inscrite dans son programme politique et répétée dans tous ses discours, mettant l’accent sur son intransigeance à lutter contre toute forme de violation des droits humains.
Le Commissaire a égrené par la suite les différentes mesures juridiques et institutionnelles prises par le gouvernement au cours des quatre dernières années pour lutter contre la traite des personnes et le trafic des migrants. Parmi ces mesures, il a cité la loi 2021-017 relative à la lutte contre la traite de personnes et la protection des victimes, la loi 2021-018 relative à la lutte contre le trafic des migrants, la création d’un comité interministériel réunissant le Ministère de la Justice, le Commissariat aux droits de l’homme et le Parquet général, dont la mission est le suivi permanent des dossiers relatifs à l’esclavage et la traite des personnes pendants devant les juridictions. Il a résulté de ce suivi, selon lui, la création d’une base de données rigoureusement mise à jour de façon périodique.
M. Cheikh Ahmedou Ould Sidi a également cité la circulaire interministérielle n°2021-104 signée entre le Ministère de la Justice, le Ministère de l’Intérieur et la Défense, adressée aux membres du Parquet général et aux officiers de la police judiciaire, les invitant à prendre toute mesure appropriée pour l’application stricte des lois portant lutte contre la traite des personnes et l’esclavage.
Citant les campagnes menées dans toutes les régions sur ces thématiques et la formation des acteurs de la société civile sur la documentation des cas avérés, avec un soutien d’environ 120 millions MRO, le Commissaire a aussi mentionné la création courant 2023 de l’Agence nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants. Parmi les activités menées par cette agence, le Commissaire a cité le fonds d’aide judiciaire pour l’accès des victimes à la justice et le soutient des organisations de la société civile en tant que partie civile, soulignant qu’une partie de ces fonds ont été distribués à ces dernières hier (mercredi 1er novembre 2023 : ndlr).
L’apport technique des agences spécialisées des Nations Unies
Mme Lila Piers, Coordonnatrice résidente du Système des Nations Unies en Mauritanie, avait auparavant rappelé que ce projet régional est déjà mis en œuvre dans huit pas d’Afrique de l’Ouest et du Centre, et qu’il s’étend aujourd’hui à la Mauritanie.
Elle a souligné que les agences spécialisées des Nations Unies, OIM, UNICEF, HCDH et ONUDC, vont coordonner de manière efficace en fonction de leur mandat pour faire face aux enjeux et défis liés à la migration, au trafic illicite des migrants et à la traite des personnes.
C’est dans ce cadre, dira-t-elle en substance, que ses collègues ont travaillé conjointement avec le gouvernement mauritanien et d’autres partenaires pour renforcer les capacités nationales dans la lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants.
La Mauritanie, un maillon central dans la migration
Pour sa part, le Consul honoraire des Pays Bas en Mauritanie, M. Nabil Hajjar, a indiqué que depuis 2016, l’exécution du projet PROMIS a débouché sur d’importants résultats à l’échelle sous-régionale. Il cite le Mali, le Niger et le Sénégal où il a été déployé pour la première fois, puis dans sa Phase 2, la Gambie et la Côte d’Ivoire, ensuite dans la Phase 3, le Burkina Faso, le Tchad et le Nigéria.
« Compte tenu de cette dynamique et de l’importance de la Mauritanie comme pays d’origine, de transit et de destination de la migration, il semble tout à fait logique de l’inscrire comme destinataire du projet PROMIS » a-t-il souligné. Et d’ajouter « la valeur ajoutée de ce projet est qu’il met à la fois l’accent une approche basée sur les droits humains et sur le renforcement des capacités nationales en matière de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants ».
Par la suite, le Représentant régional du HCHD pour l’Afrique de l’Ouest, M. Robert Kotchani a procédé à la présentation du projet.
Avaient assisté à la cérémonie, les représentants des agences spécialisées des Nations Unies, le président du Mécanisme national de lutte contre la torture, Bekaye Abdel Maleck, le président de l’Agence nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants, Cheikh Tourade Ould Abdel Maleck, la présidente de l’Observatoire national des droits de la femme et de la fille, Mme Mehla Talebna Ahmed, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, Ahmed Salem Bouhoubeiny, le président de la Cour spéciale de justice chargée des crimes d’esclavage de la Wilaya de Nouakchott-Sud, le magistrat Sidi Mohamed Cheine, entre autres.
Cheikh Aïdara