Mauritanie : Persistance et montée de la gouvernance et discours raciste Appel à la Résistance, décembre 2023

mar, 26/12/2023 - 23:34

Le 09 décembre 2023, à Nouakchott capitale de la Mauritanie, le think tank dénommé Centre Mouhit, célébrait la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (25 novembre), par une conférence magistrale à laquelle contribuait, entre autres panélistes, le magistrat Haroun Oumar Ideighbi, Directeur de la législation au ministère de la justice. L’honorable édile s’exprimait à titre personnel.

 

S’appuyant sur les chroniques de Ibn Batuta, voyageur marocain du 12 siècle, il s’est livré à un exercice de synthèse historique qui démontre l’enracinement de la mixité du genre, au sein de la société maure, notamment à Oualatta, sujet de ses observations. Ideighbi, précisera, à la faveur de son exposé, que le célèbre écrivain portait, là, un jugement subjectif, par référence à l’obscurantisme de son milieu d’origine.

 

Durant les journées des 11, 12 et 13 décembre, une brutale campagne de dénigrement le prit pour cible, au travers de groupes de discussion WhatsApp et Méta. Les insultes, procès d’intention et dénonciations calomnieuses visaient son statut de descendant d’esclaves.

 

Parmi les plus virulents détracteurs du juge, se distingue la figure sulfureuse de Yehdhih Ould Dahi, le chef d'un groupuscule salafiste appelé Ahbab Arrasoul (littéralement les amoureux du Prophète), dont la fureur misogyne se double d’une prétendue guerre aux djinns, son fonds de commerce le plus juteux.

 

Soutenu par un participant à la discussion, en l’occurrence l’avocat Maître Sid Mokhtar Ould Sidi, le propos recycle le racisme décomplexé du sociologue arabe Ibn Khaldun, auteur, dès le début du Moyen-âge, d’une fameuse théorie des climats qui rétrograde, les noirs subsahariens, au rang de l’infra-humanité. De tels outrages à la dignité d’une catégorie de Mauritaniens pulvérisent les limites de la convenance et violent les prescriptions du droit en vigueur.

 

Dans ses audios, Ould Dahi, imbu de sa lecture réactionnaire de l’Islam comme des milliers de ses congénères, insulte les Hratines, les cadets sociaux et les femmes activistes, avec l’outrance et l’impudeur que seule confère la certitude de l’impunité. Ce faisant, il alimente la zizanie sociale et incite, une majorité de la population, à la révolte.

 

Il y a, là, en sus des infractions précitées, un défi à l’ordre public, tous abus desquels le Parquet ne saurait se détourner, sous peine de devoir assumer une complicité manifeste avec les insulteurs, voire de les inciter à la récidive.

 

Aussi, nous organisations signataires de la présente alerte, à l’initiative du doyen Boubacar Messaoud, fondateur de SOS Esclaves Mauritanie, engageons, le ministre de la Justice, à diligenter, selon les modalités du flagrant délit, le processus de sanction et de réparation que requiert la gravité des agissements récurrents des deux provocateurs, Yehdhih Ould Dahi et Maître Sidi Mokhtar Ould Sidi.

 

Toute abstention, esquive ou fuite de l’Etat, face à l’énormité du scandale, risque d’entretenir un surcroît de frustration quant à l’inégalité des citoyens devant la loi. Le laxisme exclusif à l’endroit des colporteurs de haine et des promoteurs de la supériorité ethnique, risque de consolider le statu quo de la domination séculaire au prétexte de la naissance.

 

Aujourd’hui, plus que jamais, la Mauritanie devrait veiller à se préserver des vagues d’instabilité et de déferlement de la discorde qui submergent le Sahel et grondent à nos frontières. La cinquième colonne des fossoyeurs de la République agit, désormais, parmi nous, à visage découvert. Sachons la bouter avant qu’il ne soit trop tard !

 

Organisations, élus et personnalités :

 

Ghamou Achour Salem, députée

Aminatou Elhacen Boughal Dia, députée

Mariem Cheikh Samba Dieng, députée

Biram Dah Abeid, député, réseaux de l’Initiative de résurgence abolitionniste (Ira)

Mohamed Vall Handeya, Manifeste des Haratines

Oumar Yali, parti Radical pour une action globale (Rag)

Mamadou Moustapha Ba, Coalition vivre ensemble (Cve/Diaspora)

Bocar Omar Ba, Activiste politique, Strasbourg, France

Abou Bakry Souleymane Ba, Cve /comité de suivi

Alassane Dia, Touche pas à ma nationalité (Tpmn)

Lemrabatt Haidara, Délégué du président Mamadou Alassane Ba, Cve

Samba Kamara, fonctionnaire international à la retraite

Fatimata Mbaye, avocate