Enseignement Supérieur, le Ministre ouvert au dialogue malgré les doléances parfois confuses des étudiants

ven, 01/03/2024 - 04:38

Quelques délégués des syndicats d’étudiants ont été reçus jeudi 29 février 2024 par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Niang Mamadou, sur sa demande, selon des sources proches du département.  Selon ces dernières, le ministre est ouvert au dialogue avec les étudiants sur la base de leurs revendications, sauf que certaines d’entre elles restent confuses et d’autres relevant de la surenchère.

Ainsi, les principales doléances des syndicats d’étudiants ont trouvé des réponses détaillées, la plupart ayant été prises en compte par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, soit elles font partie de ses sentiers en cours, soit elles ne peuvent être résolues que lors de la prochaine année universitaire, ou soit la décision ne relève pas des droits des étudiants mais du pouvoir discrétionnaire de l’Etat.

Les principaux points d’achoppement concernent notamment les bourses et l’aide sociale, le transport, les logements ou la restauration, entre autres.

Œuvres universitaires

S’agissant de l’aide sociale pour les étudiants non boursiers, les syndicats exigent leur mise en place immédiate et « la création d’une ligne budgétaire qui lui soit spécifique dans les budgets de tous les établissements d’enseignement supérieur, à exécuter soit de manière centralisée au Centre des œuvres universitaires (CNOU) soit au niveau de chaque établissement »

A cette doléance, le Ministère estime que la seule réponse qu’il peut donner à ce moment, est que « le CNOU va dégager 30 millions de MRO pour l’action sociale, culturelle et sportive, dont 10 millions consacrés à l’aide sociale ».    

LES BOURSES. Deuxième point, les critères d’attribution des bourses. Les étudiants exigent de « revoir immédiatement les critères d’attribution des bourses en général, ou leur généralisation au moins à partir de la deuxième année à tous les étudiants, comme c’est le cas dans les pays voisins ».

Sur ce point, le Ministère a demandé aux étudiants « ce qu’ils reprochent aux critères actuels et de faire des propositions de révision, à charge pour le département d’en juger la pertinence et la légitimité ». Il est à remarquer que les étudiants n’ont pas jusqu’à présent répondu à ces deux propositions du département de l’Enseignement Supérieur. Le ministère rappelle aussi les efforts entrepris ces dernières années en matière d’attribution de bourses et de l’augmentation substantielle de son volume ainsi que du nombre de bénéficiaires.

Sur ce point toujours, le ministère se déclare confus, ne sachant comment les étudiants peuvent exiger à la fois l’attribution d’une aide sociale aux étudiants non boursiers et demander la généralisation de la bourse, sans parvenir d’autre part, à expliciter les reproches qu’ils font aux critères actuels d’attribution des bourses, tout en ne voulant pas non plus en proposer d’autres.

LE TRANSPORT. Pour ce qui est du transport, les étudiants demandent « la révision immédiate de la convention qui lie le Ministère et la Société de Transport Public (STP) pour assurer une augmentation des arrêts, des itinéraires et des bus ».

Réponse du ministère : « le processus de révision de la convention avec la STP, en prenant en compte les propositions des étudiants, notamment en ce qui concerne les points d’arrêt, et les lignes de desserte, suivra son cours normal ». A ce niveau aussi, le département fait remarquer que le nombre de bus attribué aux étudiants a beaucoup augmenté durant ces dernières années.

RESTAURATION. Par rapport à la restauration, les étudiants demandent au ministère « d’agrandir le restaurant universitaire suivant le nombre des étudiants des facultés et de construire un restaurant pour les étudiants des instituts ».

Le Ministère répond que « l’augmentation de la capacité de restauration est un projet du CNOU. Les aménagements pour doubler celle du restaurant de la résidence des garçons sont déjà en cours et seront achevés dans quelques semaines. Le grand restaurant lui, sera équipé pour que sa capacité augmente de 300 places supplémentaires (de 900 à 1200 places). L’ancien restaurant du centre-ville sera réhabilité et équipé sous peu. Il ne sera cependant pas fait de discrimination entre les étudiants des Facultés et ceux des Instituts. Tous les étudiants mangeront au restaurant où ils ont acheté leurs tickets et dans les mêmes conditions ».

LES RESIDENCES UNIVERSITAIRES. Les étudiants exigent « d’ouvrir des résidences universitaires aux étudiants des établissements de la capitale et d’ouvrir les résidences actuelles à leur pleine capacité ».

La réponse du Ministère est que « les résidences universitaires qui accueillent cette année 2500 étudiants (dont 500 filles) ont une capacité de 4.000 étudiants. Cette partie sera remplie progressivement pour éviter des problèmes d’approvisionnement en eau potable, assainissement, restauration, suivi sanitaire, sécurité, etc. L’hébergement des étudiants est un service nouveau et le CNOU a besoin de temps pour pouvoir l’assurer à un nombre si important d’étudiants ».

ASSURANCE MALADIE. Dans ce volet, les étudiants exigent la gratuité de l’assurance maladie et sa généralisation à tous les étudiants.

Ce à quoi, le Ministère a répondu qu’un « projet de convention avec la CNAS pour une prise en charge préférentielle des étudiants est déjà prêt et sa signature entre les deux parties est déjà programmée. La gratuité de l’assurance maladie ne peut être décidée par le ministère. Le ministère étudiera cependant la possibilité d’assurer certains étudiants à besoins spécifiques ».

QUESTIONS DIVERSES

Il fut question également dans la longue liste de revendications des étudiants, des questions liées à la gratuité de la papeterie pour les étudiants et d’en augmenter le montant.

Ce à quoi le ministère a répondu en soutenant que des papeteries existent dans certains établissements avec un prix symbolique de 1 MRU, notamment à l’Institut Supérieur de Comptabilité (ISCAE) précisant que pour le moment la gratuité du service ne peut pas être envisagé.

Dans le domaine académique et pédagogique, le ministère de l’Enseignement Supérieur a déclaré que la bibliothèque universitaire sera fonctionnelle dès que les travaux de réfection seront terminés. Cela en réponse aux doléances des étudiants relatives à la dotation de la bibliothèque en livres ainsi que son équipement.

En ce qui concerne les bourses et orientations pour les étudiants à l’étranger, les étudiants ont demandé l’annonce immédiate de l’attribution des places du quota marocain restantes pour cette année aux ayants droits et la déclaration par le ministère de son engagement en matière de transparence dans la répartition des places des quotas officiels et de la révision des critères d’attribution.

Pour cet aspect, le ministère a répondu que les places non attribuées du quota marocain le seront au cours de la prochaine réunion de la commission des bourses.

Les étudiants ont aussi demandé l’augmentation de l’enveloppe financière allouée aux bourses pour les étudiants à l’étranger et leur payement mensuel. Ce à quoi le ministère a répondu que ces bourses sont régulièrement payées mensuellement depuis l’année 2022.

Pour la reconduction des bourses aux étudiants en médecine qui terminent leur spécialité, le Ministère a répondu que pour les étudiants en médecine en Tunisie, dont les diplômes ne sont délivrés qu’après la spécialité, leurs bourses sont reconduites. Mais les médecins qui s’inscrivent en spécialité, ils ne relèvent pas de sa tutelle.

QUESTIONS NE RELEVANT PAS DES DROITS DES ETUDIANTS

Pour certaines doléances, le Ministère de l’Enseignement Supérieur estime qu’elles ne relèvent pas des droits des étudiants mais du pouvoir régalien de l’Etat.

Il s’agit notamment de la question relative à la généralisation de l’indemnisation des mémoires de fin d’études aux étudiants boursiers ainsi que l’augmentation des montants alloués.

Il s’agit aussi de la représentativité des étudiants au sein de la Commission nationale des bourses, ainsi que l’exonération des étudiants inscrits dans les places payantes pour cette année à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Santé. Les étudiants ont précisé que 50 étudiants sont concernés et que des dizaines d’étudiants y ont été orientés par la suite par le Ministère sans aucune compensation financière.

CONCLUSION

Derrière ces échanges qui ont eu lieu entre les responsables du Ministère de l’Enseignement Supérieur et certains syndicats d’étudiants, les observateurs ont décelé une volonté de ces dernières de laisser leurs portes largement ouvertes pour toutes discussions sur des revendications légitimes et objectives portant sur l’amélioration des conditions d’études dans les établissements relevant de leur compétence.

Beaucoup d’autres observateurs trouvent cependant que derrière certaines doléances des étudiants, notamment celles émanant de syndicats fortement politisés, se cachent des relents de manipulation et de surenchères politiciennes. Il semble pour certains, à travers les remous dans l’Enseignement Supérieur, que c’est parfois l’homme politique en la personne de Niang Mamadou qui est visé.

 Cheikh Aïdara

 

Le Ministre de l'Enseignement Supérieur au cours du point de presse du gouvernement le 28 février 2024 - A propos de la grève estudiantine

" Répondant à une question relative au récent mouvement estudiantin, le ministre a déclaré que des améliorations significatives ont été enregistrées ces dernières années au niveau de la qualité des services et de contenus de l’enseignement, notamment au niveau des logements, des bourses, de l’aide sociale, de la restauration, du transport. Toutefois, il a affirmé la disposition du département à négocier avec les syndicats toutes les doléances qui s’inscrivent dans le cadre du possible, soulignant dans ce sens que la quasi-totalité des doléances qui ont été soumises par les syndicats sortent du cadre estudiantin".

Pour le quatrième jour consécutif, répression et arrestations des étudiants protestataires

La police mauritanienne a dispersé ce jeudi par la force des marches organisées par l’Union Nationale des Etudiants Mauritaniens (UNEM), devant le siège de l’Institut Supérieur de Comptabilité et de Gestion des Entreprises (ISCAE), à Tevragh Zeina, à Nouakchott ouest.

Le syndicat a déclaré – dans un communiqué rendu public aujourd’hui – que la police a de nouveau recouru à la « violence » et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. L’UNEM dénonce ce qu’elle qualifie de « critères injustes », « la suppression de l’aide sociale » et l’autisme « des revendications estudiantines », selon le communiqué.

C’est le 4e jour consécutif au cours duquel la police mauritanienne a dispersé, comme d’habitude, avec violence des marches estudiantines qui allaient partir de l’ISCAE, en direction du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Pour la 4e fois consécutive, les étudiants sont frappés, molestés, maltraités à coups de matraques et de lacrymogènes.

Certains blessés, comme à l’accoutumée, ont été transférés à l’hôpital de traumatologie, d’autres à l’hôpital national pour traitement.

Taqadoumy