Pendant trois jours, du 19 au 21 juin 2024, une cinquantaine de journalistes, chercheurs, blogueurs et experts se sont réunis à Cotonou (Bénin) pour une rencontre régionale d’orientation organisée par l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO) et Population Council. Il s’agissait d’échanger sur l’utilisation des données de la recherche dans le domaine des droits en santé sexuels et reproductifs et planification familiale.
Les rideaux sont tombés vendredi 21 juin 2024 sur l’atelier régional d’orientation des journalistes sur l’utilisation des données de la recherche en santé sexuelle reproductive et planification familiale (DSSR/PF).
Organisée par l’UCPO et Population Council à Cotonou, cette rencontre qui a regroupé 55 participants a permis de passer en revue, outre une mise à jour sur la santé reproductive et la planification familiale (SR/PF) dans les pays du Partenariat de Ouagadougou (P.O), diverses thématiques, telles que l’exploitation des données sur la recherche, l’état des lieux sur les actions menées dans le cadre de l’agenda du P.O, les stratégies d’approches digitales de changement social et comportemental en Afrique de l’Ouest, la communication stratégique sur les données de recherche, l’Intelligence artificielle...
Agenda de la recherche de l’UCPO
Abordant l’état de la recherche dans les 9 pays du P.O (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo), Thiaba Sembene, Coordinatrice Société Civile au sein de l’UCPO, a rappelé qu’après 2020 et le ralentissement dû au Covid-19 qui avait impacté sur le financement de la SR/PF, des questionnements en 2021 ont permis de constater le peu d’études acceptées et partagées dans le monde francophone et l’insuffisance de données en matière de DSSR/PF. Or, sans données, selon elle, « il était difficile de se projeter ».
L’agenda de la recherche de l’UCPO reposait sur deux objectifs. Un, entreprendre et publier des recherches pertinentes sur la planification familiale (PF). Deux, offrir aux instituts de recherche scientifique ouest-africains la possibilité d’utiliser leurs travaux pour concilier les décisions politiques et renforcer les capacités institutionnelles.
D’où la feuille de route formulée pour engager des entrevues avec les bailleurs et les gouvernements d’une part, et d’autre part, discuter avec les journalistes.
Ainsi, l’agenda de la recherche avait permis l’organisation d’un atelier régional en 2022 en Guinée suivi d’un appel à candidatures pour les instituts de recherches, l’évaluation des candidatures, l’organisation d’un atelier de cadrage qui devra aboutir à la validation des résultats par pays.
Thiaba Sembene a également rappelé que trois instituts ont été sélectionnés selon les thématiques choisies.
Le Laboratoire d’études et de recherches sur la dynamique sociétale et le développement (LASDEL) pour la thématique de recherche sur « l’amélioration de l’accès des jeunes à la P.F : le problème des normes sociales et de la tradition » au Bénin, Burkina Faso, Guinée, Niger, Sénégal et Togo.
L’Institut Africain de santé Publique (IASP) sur la « Stratégie de réduction de la discontinuité dans l’utilisation des méthodes contraceptives modernes par les femmes et les jeunes filles » au Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Guinée.
L’Institut de recherches en sciences de la santé (IRSS) sur « la stratégie pour la gratuité des services P.F » au Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Guinée.
Etat des lieux de la recherche
Abordant la question relative à l’état de la recherche dans les pays du P.O, Dr. Abou Coulibaly de l’IRSS a déclaré que son institut a relevé au niveau des trois pays couverts par leur étude, à savoir le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée, un difficile accès des femmes et des jeunes filles aux services de la P.F, un fort taux de fécondité et un taux élevé de besoins non satisfaits touchant 47 Millions de femmes et de jeunes filles.
Sur l’analyse de la mise en œuvre de la gratuité des services P.F objet de l’étude de l’IRSS, Dr. Coulibaly a souligné que des mesures ont été effectuées sur l’efficacité des politiques menées et sur le taux de satisfaction des femmes et jeunes filles par rapport aux normes qualitatives et quantitatives des services offerts, notamment la disponibilité du personnel et des intrants, l’avis des prestataires, des hommes et des utilisatrices.
Pour Dr. Denise de l’IASP dont l’étude avait porté sur l’amélioration de la continuité de l’utilisation des méthodes contraceptives par les femmes et les jeunes filles au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Guinée, elle souligne que la discontinuité dans l’utilisation de la contraception dans ces pays varie de 28 à 66%. Elle rappelle que l’objectif de l’étude portait sur l’identification des facteurs communautaires et l’analyse des raisons sur la discontinuité de l’utilisation de la contraception par les femmes et les jeunes filles des pays concernés.
Certains de ses facteurs, constate-t-elle, sont d’ordre sociodémographique ou communautaire, d’autres liés aux méthodes elles-mêmes ou au système de santé dans son ensemble.
Quant au Dr. N’Koné de LASDEL, directeur délégué adjoint de la Coordination au Bénin, sur « l’accès des jeunes à la P.F », il a constaté l’accès difficile des jeunes aux services de la P.F dans les pays couverts par leur étude, évoquant un environnement social défavorable, des problèmes d’accessibilité financière, la méconnaissance des services P.F, mais aussi la qualité des services offerts.
Plusieurs autres thématiques ont été abordées durant l’atelier, dont une communication sur l’Intelligence Artificielle (IA) par Koffi Djamessi et la Communication stratégique par Adam Nouhoum.
Rappel, la cérémonie d’ouverture officielle a été marquée par le discours du représentant du Ministère du Numérique et de la Digitalisation du Bénin, en présence de celui du Ministère de la Santé, mais aussi les mots prononcés par Fatou Bintou MBow, Directrice de Population Council Sénégal et Dr. Djenebou Diallo, Responsable Plaidoyer Sénior au sein de l’UCPO.
Il faut souligner que les participants s’étaient scindés le dernier jour en deux groupes. Un des groupes s’est rendu au marché Missobo où la Clinique Mobile de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF) recevait femmes, jeunes filles et hommes pour des consultations, des counceling et autres services SR/PF. L’autre groupe était parti au Centre des Jeunes ILEWA qui fait de la sensibilisation, orientation, cours d’anglais et autres activités.
Le même cérémonial d’ouverture a été reconduit durant la cérémonie de clôture, avec beaucoup plus d’ambiance et d’émouvants mots d’au-revoir.
Cheikh Aïdara