Dans le cadre du programme PROMOPECHE, sur financement de l’Union européenne, le Bureau International du Travail (BIT), vient d’entamer une série de formations sur le Guide du formateur des Services d’Appui aux Entreprises (SAE), ou Business Development Services (BDS) en anglais, qui s’étale de septembre 2019 à février 2020. L’objectif est de permettre à des personnes locales ayant des profils de formateurs/accompagnateurs d’être aptes à répliquer ces formations et ainsi pouvoir accompagner des micro-entrepreneurs et des populations vulnérables dans le cadre de leurs activités. Une première session a eu lieu du 16 au 20 septembre 2019.
Le programme Promopêche, ayant pour objectif la création et l’amélioration de l’emploi dans le secteur de la pêche artisanale, est financé par l’Union Européenne et l’Allemagne, mis en œuvre par le Bureau International du Travail (BIT), la Coopération allemande (GIZ) et l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID).
Promopêche vient ainsi de lancé une série de formation qui s’inscrit dans le prolongement d’une première sur les Services d’Appui aux Entreprises (SAE) qui s’est déroulée du 2 avril au 15 août 2018 sur plusieurs thématiques, notamment accès aux financements, coaching, leadership et changements de comportements. Par la suite, un Guide du formateur de 15 chapitres reprenant toutes ces thématiques a été élaboré, en mettant l’accent sur l’aspect méthodologique et pédagogique du formateur. C’est sur cette base qu’une trentaine de participants ont été sélectionnés pour prendre part à la nouvelle série en cours. Plusieurs d’entre eux ont assisté aux sessions précédentes. Cette série de formations sur le Guide du formateur des Services d’Appui aux Entreprises débouchera sur un processus de certification du Centre International de Formation de l’OIT (CIF) basé à Turin. Huit sessions de formation sont au programme.
L’environnement du marché
Sous la houlette de deux experts, Linda Deelen, Chef de Programme Entreprise, Microfinance et Développement Local au CIF et Yahya Kane, Maître formateur GERME, les participants ont suivi les modules relatifs à l’introduction aux Services d’Appui aux Entreprises, l’étude de marché et le marketing. Les formateurs ont utilisé une approche participative et des jeux de rôle, des discussions et des sessions de micro-enseignement consistant à demander aux participants de présenter en petits groupes les sessions étudiées du Guide du formateur des SAE. Ces mises en situation on été interactives et constructives, se révélant indispensables pour des participants qui aspirent à former et accompagner des groupes de personnes en se basant sur le guide.
Les défis qui attendent les Services d’Appui aux Entreprises en Mauritanie sont énormes dans un marché où la majorité des petites et moyennes entreprises (PME) sont dans l’informel et fonctionnent sous la forme familiale.
Yahya Kane, formateur
«Les Services d’Appui aux Entreprises doivent adapter leurs services à la demande, en termes de contenus, de besoins des entrepreneurs, de calendrier, de durée et de supports de formation. En fait, qu’est-ce qui caractérise l’entreprise en Mauritanie ? Sa taille et son caractère familial. Comment expliquer l’importance de séparer l’argent de l’entreprise de l’argent de la famille ? Comment promouvoir le principe de la compétence ? Si on se fait entourer par les membres de la famille sans compétence, si l’entrepreneur n’est pas conscient de l’importance de la ressource humaine, il n’ira pas loin».
Rendre la formation des formateurs adaptée
Yahya Kane
«Pour que les Services d’Appui aux Entreprises soient opérationnels et qu’ils puissent former les entrepreneurs potentiels, la première condition est leur capacité à apporter un changement perceptible par les entrepreneurs. Lorsqu’un entrepreneur reçoit une formation qui augmente sa productivité et la gestion de sa petite entreprise, et qu’à travers cette formation, il augmente son chiffre d’affaires, il est prêt à payer sa formation initiale, et même à faire recours à un coaching et à payer les services pour son accompagnement. D’autre part, la meilleure façon de promouvoir les Services d’Appui aux Entreprises, c’est de construire un bilan d’appui aux entreprises. Il faut que les Services d’Appui dispensent des formations, documentent ce qu’ils font, montrent des résultats, fassent le suivi des entrepreneurs qu’ils forment, s’assurent de leur visibilité et s’approchent des entreprises de manière à évaluer l’impact de leur formation».
Une opportunité pour les jeunes entrepreneurs
Zeynabou Ndiaye
«Les Services d’Appui aux Entreprises doivent aller vers des formations capables de pousser les entreprises à se formaliser davantage afin qu’elles puissent évoluer de PME vers de grandes entreprises. Ainsi, en tant que structure de formation, les Services d’Appui aux Entreprises ont aussi un grand rôle à jouer dans les changements de mentalité. Cette formation est en tout cas une véritable opportunité pour nous jeunes diplômés sans travail. Cela nous permettra de trouver des créneaux sur lesquels bâtir notre expérience et aider de jeunes entrepreneurs à acquérir des compétences»
Services d’appui aux entreprises, une demande réelle mais latente
Sidi Mohamed Sow, Bureau Sarah Consulting
«Cette formation vient à point nommé car elle répond à des besoins des entrepreneurs mauritaniens qui ne sont pas pour la plupart conscients qu’il existe des structures capables de les accompagner et de fournir des solutions à leurs problème qui se situent à plusieurs niveaux, ressources humaines, accès aux financements, formation technique et management. Ce genre de formation répond ainsi à toutes ces attentes».
Inculquer la culture des SAE aux entrepreneurs mauritaniens
Ely Abdallah Ndaw, Expert en Ressources Humaines au cabinet Patrick Danielou et Associés (PDA).
Le cabinet Patrick Danielou et Associés (PDA) est une structure spécialisée dans le coaching, l’encadrement et le suivi de sociétés. Il travaille depuis 2001 en Mauritanie. Il compte à son actif une clientèle composée d’une vingtaine d’entreprises, toutes à capital majoritairement étrangers. Ce sont de grandes sociétés minières, comme Taziast, Al Gold, des compagnies comme Air France, des opérateurs comme Mauritel Mobile, etc. Le cabinet, eu égard à la courbe d’ascension et de décroissance des entreprises qui tourne autour de dix ans, a diversifié ses activités, en créant deux autres structures, AlMaaden pour la Gestion des Ressources humaines (AGRH) en 2011 et Gestion des Ressources Humaines en Mauritanie (GRHM) en 2014. C’est l’exemple d’un Service d’Appui aux Entreprises qui a réussi à bâtir sa réputation par la qualité de ses services externalisées, comptabilité, paye, gestion des ressources humaines, etc. Selon Ely Abdallah «aucune entreprise à capitaux mauritaniens n’a encore demandé nos services. Ce sont surtout les étrangers, Canadiens, Français, Anglais, Marocains, qui nous sollicitent. Les entreprises mauritaniennes ont besoin d’être davantage édifiés sur l’importance des Services d’appui. Avec des SAE volontaristes, la culture de l’accompagnement et du coaching externalisé entrera peu à peu dans la culture des entrepreneurs, et pourront, comme les sociétés étrangères appréhender toute son importance. D’où la nécessité de former des SAE compétents et outillés».
Cheikh Aidara