La direction de Radio Mauritanie n’a pas tardé à répondre à un article publié par Alakhbar révélant l’historique de ses dépenses hors salaires et laissant entendre qu’il y a là un soupçon de gabegie.
Il faut d’abord saluer, comme point positif, la célérité de la réponse de Radio Mauritanie mais surtout, l’acceptation même du principe de transparence que l’on ne voit pas tous les jours chez nos responsables dont la plupart ont la - mauvaise - habitude de se murer dans le silence se disant que mieux vaut laisser passer l’orage.
Deuxième point important à saluer : la réponse de Radio Mauritanie n’est pas qu’assertions. C’est une réplique chiffrée justifiant fort à propos l’activité intense et variée qu’elle connait depuis le retour à la direction générale de Mohamed Cheikh Ould Sidi Mohamed, un homme connu pour ne pas se complaire dans l’oisiveté ou faire les choses à moitié. Un Chef qui sait surtout récompenser le travail bien fait et pousser ainsi ses collaborateurs à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Dans ce qui constitue en soi un droit de réponse à Alakhbar, le directeur général de Radio Mauritanie saisit l’occasion pour faire l’état des lieux de l’institution publique qu’il a eu à diriger, entre janvier 2012 et mai 2016, avant d’être rappeler par le gouvernement pour en assurer la gestion, depuis novembre 2019.
Il souligne à cet effet les difficultés inhérentes au passage d’un établissement à caractère administratif au statut, sans concurrence médiatique significative, sans cahier de charges la liant avec la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA), et surtout sans un contrat-programme avec le gouvernement, Radio Mauritanie a pourtant émergé comme radio de services publics avec 20 stations généralistes, 4 radios spécialisées, 15 stations locales avec une implantation géographique prenant en compte les différentes wilayas du pays.
Plus importantes sont les réalisations accomplies à divers niveaux dont :
- La consécration pleine et entière de la liberté d’expression faisant de Radio Mauritanie un média de développement sérieux avec l’organisation de tables rondes dédiées à tous les domaines (politique, religieux, économique) dans laquelle la parole est donnée à tous les acteurs politiques et l’information apportée par des experts ;
- Radio Mauritanie œuvre constamment pour porter loin et fort les enseignements de l’Islam, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, faisant intervenir sur ses ondes les sommités de nos ulémas ;
- Un rôle de premier plan dans la sensibilisation contre la pandémie du coronavirus dont les ravages au niveau mondial ne se comptent plus.
Toutes ces actions avaient pour seuls buts de rationaliser les ressources de l’institution et de les dépenser uniquement dans les choses qui comptent : une production de qualité, l’amélioration des conditions de travail des employés et le renforcement des capacités de l’entreprise. Il y avait aussi un besoin urgent de rendre justice à ces journalistes professionnels très souvent marginalisés pour des considérations autres que celles du rendement.
Sur le plan financier, la dette de Radio Mauritanie avait connue une nette régression entre 2012 et 2017 (17%), au moment où elle connaissait un développement notoire de ses moyens et infrastructures ; alors que ce passif allait connaitre une croissance exponentielle (527%) entre fin 2016 et 2019, attestée par les commissaires aux comptes, le CA et les deux ministères de tutelle. Tout comme les espaces publicitaires ont été vendus, sur quatre ans (2017-2019) et à des prix cassés (-80% de la valeur réelle) pour payer des dettes fictives !
Des charges qui n’ont pourtant pas permis d’acheter du matériel technique, de renforcer la production, mais plutôt de détruire de manière systématique l’existant, de vendre le parc roulant et de raviver l’animosité entre les journalistes en privilégiant la médiocrité notoire au détriment des compétences avérées.
Le recours de ceux qui ont été dénoncés par les investigations de l’IGE et les rapports des commissaires aux comptes à des « fuites » censées porter atteintes aux efforts menés au cours de 8 mois seulement pour relever le rendement de Radio Mauritanie et colmater les brèches ne feront pas arrêter le train des réformes, incha Allah, et, parce que nous nous sommes engagés à agir dans la transparence, nous livrerons les éclaircissements nécessaires suivant trois axes :
- La vérité sur les chiffres publiés par Alakhbar ;
- Ce qui a été fait au cours de ces six mois ;
- Des observations procédurales.
PREMIEREMENT, concernant la réalité des chiffres publiés par vous, et même si les interrogations sur le bien fondé ou non de ces dépenses relève d’institutions de délibération (le CA, le comité de gestion, l’assemblée générale de la Radio) et des tutelles, technique et financière, les organes de contrôle et de vérification, nous tenons quand même à partager l’information avec tous les lecteurs et usagers des réseaux sociaux pour éviter toutes interprétations malicieuses, avec explications de ces dépenses, photocopies des chèques, noms et NIN des bénéficiaires et justifications.
Ainsi, à titre d’exemple :
1. Le marché de 14,5 millions d’ouguiyas, au nom du fournisseur Sidi Mohamed Abdel Kader n’est pas un « don » ou une « gratification » mais le payement d’un reliquat pour l’achat d’un studio acquis au cours des trois dernières années par mon prédécesseur (le procès-verbal de la du marché passé avant notre prise de fonction, l’attestation notariale et les photos du studio sont en PJ).
2. Le montant de 3,8 millions d’UM remis au journaliste Dedda Ould Aguih, directeur des ateliers de production actuellement et ancien coordinateur des 15 stations, sont en réalité des frais de mission des équipes de reportage qui ont couvert l’inauguration de la station de Bassiknou, supervisée par le ministre de la Culture, en présence du représentant résident du Pnud et le festival culturel des wilayas de la Vallée organisé à Kaédi (en pièces jointes, les signatures des journalistes, producteurs et personnels d’appui).
3. Les 4,8 millions d’ouguiyas retirés par Souleymane Bidiel, agent du service de comptabilité, ne sont pas allés dans ses poches mais étaient destinés plutôt à l’appui des employés des stations régionales. 2,6 millions de ce montant ont été payés en deux tranches, avant la fin de l’année, comme dépenses pour l’animation religieuse du mois de Ramadan, les droits de certains travailleurs dans un établissement qui en emploie pour ses permanences 600 employés, permanents ou collaborateurs.
4. Cheikhna Ould Abdellahi (6,2 millions) et Mohamed Mahmoud Mohamed (4,3 millions) qu’on a présenté comme des « bénéficiaires » de gratifications, sont, en réalité, des fournisseurs connus pour leur sérieux, travaillant avec Radio Mauritanie depuis dix ans. Leurs factures, pour achat de fournitures de bureaux, pour la première fois, la réparation du parc roulant en piteux état ou la restauration durant le mois de Ramadan.
Nous tenons à préciser cependant que la plupart des fournisseurs de Radio Mauritanie ont des sociétés qui portent leurs noms. Mais nos services comptables disposent des numéros de leurs registres de commerce et leurs adresses. Ils ont gagné ces marchés suivant les règles de la transparence. Quant aux partenariats de Radio Mauritanie, les résultats sautent aux yeux comme l’attestent Radio Bassiknou, Radio Maghama, la radio scolaire pour la diversité culturelle l’acquisition de véhicules 4X4, la production de programmes de développement et des sessions de formation continue dont la gestion (dépenses) relève entièrement de ces partenaires.
DEUXIEMEMENT, ce qui a été réalisé, au cours de notre premier passage et notamment au cours des six derniers mois :
Les plus grandes réalisations de Radio Mauritanie au cours de ce qui peut être considéré comme son âge d’or sont :
1. L’acquisition d’une plateforme numérique multifonctions (diffusion, production, archivage) comptant parmi les plus performantes en Afrique subsaharienne et au Maghreb.
2. La création de 15 stations locales ;
3. Le démarrage du programme « mahadra » et élargissement du spectre de diffusion de Radio Coran pour atteindre 42 arrondissements sur l’ensemble du territoire national ;
4. Création de la version télé de Radio Coran (télévision Al Mahdara) ;
5. Acquisition d’un parc roulant moderne vendu par la suite au rabais ;
6. Construction de studios audiovisuels intégrés ;
7. Equipement, modernisation de tous les locaux administratifs ;
8. Acquisition du plus modern des groupes électrogènes ;
Et, au cours des huit derniers mois (du 26 novembre 2019 au 26 juin 2020), Radio Mauritanie a accomplir, sur ressources propres, les réalisations suivantes citées à titre d’exemples mais non exhaustives :
1. La couverture de plus de 400 manifestations d’importance dans le cadre des activités du gouvernement, y compris le festival de Chinguitti, la commémoration de la fête de l’indépendance à Akjoujt, les congrès, les activités de l’Assemblée nationale, des ateliers et forums sur le développement ;
2. La création de la station de Bassiknou, frontalière avec la République du Mali ;
3. La création de la radio scolaire, dédiée à la diversité culturelle ;
4. Achèvement du projet de la station de Maghama, frontalière avec la République du Sénégal ;
5. Construction de la Mosquée dite Mosquée du Coran dont le rôle joué, en ce Ramadan 2020 a été remarquable par les cours et interventions d’ulémas durant 30 jours et 30 nuits en cette période de pandémie de Covid-19, et qui constitue actuellement un haut lieu de vulgarisation de la Sunna et des préceptes de l’Islam ;
6. Exécution des programmes des vingt stations et chaines spécialisées de Radio Mauritanie : radio jeunesse, radio numérique, radio de la diversité culturelle dite radio scolaire, et des 15 radios locales ;
7. Parachèvement de la construction et de l’équipement du centre de formation de la station de Rosso ;
8. Engagement pris de construction de studios de production dans toutes les stations locales, à travers le littoral maritime, comme on entre présentement dans la phase ultime de construction du siège professionnelle de la Radio mère composé de 8 étages ;
9. Achat d’un lot de véhicules pour la Radio qui sera réceptionné dans moins de deux mois, après la liquidation de son ancien parc roulant ;
10. Achat du matériel le plus moderne pour les besoins du reportage, de la diffusion numérique et de la numérisation ;
11. Organisation de plus de 65 tables rondes interactives avec la participation de centaines de médecins, de faqih et de leaders d’opinion issus de la société civile, des élus et des partis politiques ;
12. Aucune dette à ce jour au cours de ces huit derniers mois (23 novembre 2019-23 juin 2020) ;
Mais le plus grand exploit au cours des huit derniers mois est qu’on n’a pas dépensé un sous de notre budget, et n’enregistrons aucun dépassement sur les rubriques consacrées, nos comptes étant donc actuellement au vert avec de nouvelles recettes prometteuses. Seulement, même si nous parvenons à avoir la fortune de Sulayman, Allah va guider nos pas à la dépenser au service du Bien et de la Vérité : servir le Coran, les ulémas, la mosquée, la mahadra, ceux qui prêchent la Parole d’Allah, propage la Sunna, les journalistes et producteurs qui accomplissent avec dévouement et abnégation leurs missions, les techniciens, les partenaires de Radio Mauritanie dans le domaine de la production et de la diffusion, ceux qui animent nos ateliers et émissions, etc. C’est là notre voie et notre fierté et, qu’importent alors les allégations de ceux qui suivent nos dépenses faites en toute légalité et légitimité !
Pour ce qui est des rubriques d’appui, de gratifications et des charges de production, le législateur offre à l’ordonnateur la latitude de les offrir en fonction des contributions des uns et des autres dans les domaines de la production, la nature des missions. Ce sont des chapitres de dépenses au même titre que les salaires dans un budget qui avoisine les 2 milliards d’UM. Il en va de même pour ceux qui se chargent de la permanence, 24h/24h, qu’il s’agisse de la radio mère ou de ses démembrements (4 radios spécialisées, 15 stations locales), ceux qui travaillent avec les services commerciaux ou administratifs, les intellectuels et leaders d’opinion qui prennent part aux tables rondes et ateliers organisés par Radio Mauritanie, les ulémas, les chaines de télévision qui diffusent en direct nos activités, les travailleurs en charge de l’assainissement de nos locaux et les gardiens et plantons.
Il reste cependant que rien ne sort du cadre strict des dépenses inscrites dans l’exécution de notre budget : appui à la production, encouragement aux équipes et exécution des missions prévues dans le cadre de partenariats pour une communication de développement générant des ressources provenant essentiellement des contrats commerciaux avec Radio Mauritanie et ses 20 stations. Ces dépenses fluctuent, en hausse ou en baisse, en fonction du volume et de la couverture des activités au niveau des 23 services publics, et de l’excédent dégagé des recettes générées par les contrats commerciaux et accords de partenariats.
Actuellement, les dépenses inscrites dans ce chapitre sont soumises à des règles strictes : prestation accomplie ou proposition faite par l’un des 15 départements centraux ou les démembrements de Radio Mauritanie (stations locales et radios spécialisées). Ceci est confirmé par les procès-verbaux des commissions en charge de l’exécution des missions, signatures, numéro d’indentification nationale et numéros de téléphone à l’appui.
L’erreur de l’article dénonçant de soi-disant « dépassements » a été d’avoir fait une énumération, puis la somme, de dépenses effectuées par Radio Mauritanie, en ignorant, volontairement ou nom, les réalisations, missions et actes qui ont motivé ces décaissements faits en toute légalité et transparence attestées par le conseil d’administration et l’assemblée générale de la radio, et en conformité avec les prérogatives de l’ordonnateur récemment élargies depuis la décision prise de créer une société de production et un radio de service public, le 26 juin 2012.
TROISIEMEMENT, observations procédurales, la direction générale de Radio Mauritanie affirme, en ce moment où le climat politique et de paix sociale sont propices, donnant à chacun la possibilité de s’informer et d’avoir accès à des données non soumises à censure, qu’elle ne portera pas plainte contre X, malgré le préjudice subi, surtout que le journal mis en cause lui a accordé le droit de réponse reconnu par la loi.
Cependant, nous tenons à rassurer la cellule de désinformation qui semble avoir la nostalgie de la sombre période de la gabegie, et qui a procédé, par préméditation, à la divulgation d’informations financières d’une société publique, que nous la poursuivront, en utilisant les règles et procédures légales permises par les lois de la République.
Cependant, Radio Mauritanie restera une institution publique et ses responsables des personnalités publiques non dépourvues de défauts, comme tout humain, mais agissant en toute franchise pour l’accomplissement de la mission qui leur a été confiée.
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