Le président de l’organisation « Initiative pour la résurgence d’un mouvement antiesclavagiste en Mauritanie (IRA), le député Biram Dah Abeid, a présidé, hier mercredi, 8 septembre 2021, dans un quartier populaire de Toujounine (Wilaya de Nouakchott Nord), une rencontre avec un important groupe de militants et de cadres d’IRA et du parti RAG dans le cadre de « trois journées d’échange sur l’apaisement entre le pouvoir de Ghazouani et ces deux structures politico-droit-de-l’hommistes.
Dans un cadre qui rappelle l’agora, qui dans la Grèce antique désignait « la réunion de l’ensemble du peuple ou du Conseil d’une cité pour l’exercice de leurs droits politiques », le président Biram Dah Abeid a d’abord rappelé l’objectif de ces échanges : « prendre l’avis de la base sur l’apaisement qui dure depuis deux ans avec le pouvoir », précisant que les militants peuvent s’exprimer « sans tabous » et que c’est à partir de l’avis général (majoritaire) exprimé au cours de ces conclaves que la ligne future (poursuivre dans le sens de l’apaisement ou déterrer la hache de guerre) sera tracée.
Rappelant le « vol de sa victoire » lors de l’élection présidentielle de 2019, BDA a clairement indiqué qu’une partie du pouvoir et une autre de l’opposition en exil ont voulu s’en servir pour pousser à une confrontation violente dans laquelle IRA et RAG qui disposent de « la capacité de faire bouger la rue » seraient aux premières lignes pour servir les desseins de politicards de manœuvriers aux visages cachés. Refusant cette instrumentalisation, le candidat arrivé deux fois deuxième à la présidentielle (en 2014 et en 2019) avait refusé de verser dans cette surenchère d’autant que le nouveau président avait affiché sa volonté, dès l’entame de la campagne électorale, de vouloir fumer le calumet de la paix avec une opposition qui sort de dix ans de confrontations non-stop avec le pouvoir d’un président Aziz, à l’opposé « casse-cou ».
« Ce serait une inconséquence d’user de la même méthode qu’on nous imposait sous la décennie 2009-2019, quand on nous maltraitait et on nous jetait en prison, pour un oui ou pour un non, avec un président qui nous tend la main et nous reçoit pour discuter de questions d’intérêt commun », dira Biram Dah Abeid pour justifier un changement de stratégie politique que d’aucuns, pour des raisons diverses, voudraient bien en casser la dynamique.
« C’est ce climat que nous vivons depuis deux ans, avec certes des hauts et des bas, notamment dans la non tenue des promesses faites par le pouvoir, concernant certaines de nos doléances, comme la reconnaissance du parti RAG et de l’organisation IRA, ou encore le règlement de questions liées au vécu de nos militants et des citoyens de manière générale », dira le député BDA, avant d’inviter les militants et cadres de son parti politique en gestation et de son organisation de défense des droits de l’homme d’exprimer leurs appréciations sur ces deux années d’apaisement avec le pouvoir de Ghazouani. La question est donc : IRA et RAG ont-ils failli ?
Synthèses des interventions
Incontestablement, la synthèse des dizaines d’interventions entérine le choix de la ligne choisie par le président Biram au cours de ces deux années de pouvoir Ghazouani. Elles constituent donc une sorte de blanc-seing pour la poursuite sur cette voie de l’apaisement mais avec quelques « ajustements » qui font remonter à la surface ce qui a toujours caractérisé la lutte d’IRA de celles des autres mouvements et partis politiques : la volonté de dialoguer mais aussi la capacité de mobilisation, pour les Causes justes, quand c’est nécessaire, et comme elle l’a prouvé durant la décennie de braise du président Aziz où elle a été constamment le fer de lance de la contestation. Toutes les interventions soulignaient le caractère conjoncturelle du recours à la rue et mettaient en garde le pouvoir, en lui demandant de régler les questions pendantes au premier rang desquelles l’esclavage, le passif humanitaire, la flambée des prix, l’état-civil et la question foncière, qu’elle soit celle des terres agricoles usurpées au nom de la tribu, ou des lotissements urbains qui ne donnent aux populations haratines que la portion congrue.
Des questions que le député Biram Dah Abeid dit évoquer avec le président Ghazouani et les membres du gouvernement ou tout autre responsable de l’Etat, à chaque fois que l’occasion lui est offerte dans le cadre de cette politique d’apaisement qui, sans résultats palpables, « ne doit pas illusionner le pouvoir », martèle un intervenant : « Nous ne sommes pas contre l’apaisement entre le président et notre « Zaîm Biram » mais nous demandons plus de justice. Avoir des ministres hratin n’est pas une fin en soi, nous voulons la justice », ajoute un autre. Un autre qui souligne que ces concertations sont l’expression d’un « vent de démocratie interne » précise que « l’apaisement n’est pas en contradiction avec nos principes parce notre lutte est d’essence pacifique. »
Sneiba