Maître Mohamed Salem Bouhoubeïny, Président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) de Mauritanie a perdu par 3 voix contre 8, l’élection qui l’opposait lundi 20 septembre 2021 face à son adversaire, l’Ivoirienne Meite Namizata Sangaré, pour la présidence de l’Association francophone des commissions des droits de l’Homme (AFCDH), l’un des réseaux institutionnels de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Mme Meite Namizata Sangaré, présidente de la CNDH de Côte d’Ivoire, a finalement remporté par 8 voix contre 3, l’élection à la tête de l’AFCDH, face au candidat mauritanien, Me Mohamed Salem Bouhoubeïny. Le vote qui s’est déroulé lundi 20 septembre 2021 en mode virtuel, Covd-19 oblige, s’est déroulé en présence de 34 commissions de droits de l’homme dans l’espace francophone, mais seuls 11 jouissant du Statut A conformes aux principes de Paris, ont voté. La candidate ivoirienne a bénéficié entre autres des voix de la France, du Sénégal et du Bénin.
La nouvelle présidente remplace à ce poste le Nigérien Khalid Ikhiri dont le mandat s’est achevé initialement en septembre 2020, mais il a été prolongé d’une année en raison de la pandémie de Covid-19.
Mohamed Salem Bouhoubeïny se contentera ainsi, durant les 3 années d’exercice de Mme Meite Namizata du poste de vice-président, à côté de ses collègues du Togo et de la République Démocratique du Congo.
Me Mohamed Salem Bouhoubeïny, juriste et ancien Bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Mauritanie, préside aux destinées de la CNDH depuis février 2019. Il s’est illustré dans la défense de plusieurs grands dossiers en Mauritanie, dont l’affaire du sénateur Ould Ghadde ou encore de l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou. Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni s'est surtout fait connaître dans la région comme membre actif de plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme. Il a été désigné par l'organisation mondiale contre la torture (OMCT) pour suivre les recommandations de la conférence de Tampere en 2001 sur l'exploitation des enfants en Afrique du Nord.
Ancien président du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), il avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2014 avant de désister. Frondeur et opposant invétéré, sa nomination à la tête de la CNDH avait suscité beaucoup d’espoirs pour les organisations des droits humains, dont certains semblent lui reprocher aujourd’hui sa gestion timide des dossiers liés à l’esclavage et au passif humanitaire.
Une certaine opinion lui prête cependant le mérite d’avoir apporté du sang neuf dans la conduite de la CNDH, ce qui lui aurait permis, grâce aux actions menées depuis 2019, de retrouver le Statut A des principes de Paris, que la Mauritanie avait perdu il y a quelques années.
Quant à son adversaire du jour, l’Ivoirienne Meite Namizata, elle est forte d’une longue expérience en matière de droits de l’homme. Elle a développé une expertise dans ce domaine au sein de la société civile depuis près de 25 ans. Présidente-fondatrice de l’Organisation des Femmes Actives de Côte d’Ivoire de 2006 à 2013, elle a mené dans toute la Côte d’Ivoire, à travers ses sections, plusieurs actions au bénéfice des populations et principalement les femmes.
Elle assure depuis le 4 Avril 2019, les fonctions de Présidente du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH). Du 24 mai 2016 au 31 décembre 2018, elle a présidé aux destinées de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI), aujourd’hui Conseil National des Droits de l’Homme suite à une réforme institutionnelle. Elle a participé en 2004 au Programme international de formation en droits de la personne au collège John Abbott à Sainte Anne de Bellevue, au Québec au Canada ainsi qu’en 2015, à la formation sur la protection des droits de l’Homme du Cycle International Spécialisé d’Administration publique (CISAP) à l’ENA de Paris.
Cheikh Aïdara